5 choses à retenir du rapport EIFL sur l’édition en libre accès diamant en Afrique

Le paysage de l’édition scientifique en Afrique connaît une transformation positive avec l’émergence et le développement des revues en accès ouvert diamant. Ces publications, qui ne facturent ni les auteurs ni les lecteurs, jouent un rôle crucial dans la diffusion des connaissances scientifiques sur le continent africain et au-delà. Cependant, leur visibilité, leur découvrabilité et leur accessibilité restent des enjeux majeurs.
Cette étude, menée dans le cadre du projet triennal “Collaboration for sustainable open access publishing in Africa” (2023-2026), vise à dresser un état des lieux détaillé de l’édition en accès ouvert diamant en Afrique. Basée sur une enquête auprès de 199 revues et 21 plateformes institutionnelles, nationales et continentales, ainsi que sur 25 rapports nationaux, elle offre un aperçu inédit des pratiques, des défis et des opportunités dans ce domaine.

Voici 5 informations à retenir de ce rapport.

Lire le rapport : Landscape of no-fee open access publishing in Africa (zenodo.org)

1. Prédominance des petites revues avec une production limitée

La majorité des revues africaines en accès ouvert diamant ont une production relativement faible. En effet, 64,8% des revues interrogées publient jusqu’à 20 articles par an, et 31,7% en publient entre 11 et 20. Cette faible production peut avoir un impact significatif sur la visibilité et la découvrabilité de ces revues, car un volume d’articles plus important pourrait potentiellement attirer davantage de lecteurs et augmenter les chances d’être cité.

2. Dépendance importante au travail bénévole

Environ 60% des revues interrogées s’appuient entièrement ou partiellement sur le travail bénévole. Même parmi celles disposant d’une unité dédiée à la publication avec du personnel rémunéré (30,2%), plus de la moitié dépend encore du travail bénévole. Cette situation soulève des questions sur la durabilité de ces revues et leur capacité à maintenir une qualité éditoriale constante, ce qui peut affecter leur crédibilité et leur visibilité dans le paysage académique international.

3. Importants défis en matière de financement et de durabilité

Les contraintes financières constituent le défi le plus pressant, affectant 74,87% des revues interrogées. Près de la moitié (45,2%) sont également confrontées à un manque de ressources humaines. Bien que 45,7% des répondants bénéficient d’un financement institutionnel, les sources de financement sont perçues comme instables ou très instables par 39,2% des revues. De plus, 71,4% des revues ne disposent pas d’un budget annuel approuvé. Ces données soulignent la précarité financière de nombreuses revues et la nécessité de développer des modèles de financement plus stables et diversifiés pour assurer leur pérennité.

4. La nécessité d’un soutien multidimensionnel pour renforcer l’écosystème des revues africaines

Bien que plus de la moitié des revues (53,3%) soient indexées dans African Journals Online (AJOL) et que la moitié soit découvrable via Google Scholar, l’indexation dans des bases de données internationales majeures reste limitée. Seulement 32,7% sont indexées dans le Directory of Open Access Journals (DOAJ), et les pourcentages sont encore plus faibles pour Web of Science (10,1%) et Scopus (13,1%). Les défis d’indexation comprennent des difficultés à satisfaire les critères techniques et non techniques, ainsi que les frais d’adhésion. Certaines revues ont signalé des rejets en raison de leur focus local africain, de faibles taux de citation, ou d’une diversité géographique limitée des auteurs. Ces obstacles à l’indexation internationale peuvent significativement réduire la visibilité et l’impact global des recherches publiées dans ces revues africaines.

5. Défis d’indexation et de visibilité internationale

Le rapport met en évidence un besoin urgent de soutien dans plusieurs domaines pour renforcer la qualité et la durabilité des revues africaines en accès ouvert diamant. Les besoins identifiés incluent le renforcement des ressources humaines, le soutien technique pour assurer l’interopérabilité, le plaidoyer en faveur de l’édition en accès ouvert diamant, le partage des connaissances et la formation. De plus, la collaboration entre les revues est perçue comme un moyen potentiel d’améliorer les pratiques éditoriales et la visibilité, avec 77,4% des répondants envisageant des collaborations dans des domaines tels que la formation, le soutien aux politiques éditoriales et les services techniques.

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